L’artiste entre en scène, escalade l’amoncellement de pierres taillées par l’explosion, les examine, les touche, raconte comment il choisissait celles qu’il peignait. Il évoque la force tellurique, les millions d’années conservées dans la roche que l’homme exploite pour édifier son univers. Il parle de l’œuvre passée ; il recouvrait les pierres de motifs répétitifs, abstraits, qui s’accordaient à la matière par leurs teintes grises, noires, blanches. Ce travail l’a amené aux créations présentes.
Discrète, la caméra de Violène de Villers pénètre le monde de Roby Comblain, artiste graveur. Son atelier dans une cabane appréciée pour sa lumière. L’œuvre s’y compose et y mature. La caméra suit les gestes d’un art patient, les mouvements du pinceau, des gouges, le rouleau qui encre le lino puis l’instant où l’œuvre se révèle après le passage dans la presse. L’attitude patiente de l’artiste s’efface alors sous un entremêlement de griffures, une graphie tourmentée, nerveuse, des accumulations. Les gravures doivent sécher, temps d’attente, d’observation et de composition de l’œuvre. Ces gravures, il va les chiffonner puis les assembler en espaces qu’il appelle scenolino.
Roby Comblain livre discrètement une histoire de famille, il parle de son enfance au Rwanda, de son père prospecteur d’or, passionné par les pierres dont la maison familiale est emplie. Les enfants en apprennent le langage, le père les fait voyager au cœur de la pierre.
Quand il ne travaille pas, il marche ou crée des objets, dessine dans des carnets de croquis. Les traits du dessin semblent taillés comme les pierres et composent sur les pages scènes et paysages d’une âpreté mystérieuse.
Violène de Villers écoute, regarde et retrace le cours de l’histoire qui a formé l’artiste. Elle approche l’intimité de l’œuvre.
Françoise Vandenwouwer - PointCulture.