De son vrai nom Kim, comme l’or, Cathy Min Jung fait partie de ces 5.000 enfants coréens adoptés par des familles belges au milieu des années 70.
Après une adolescence en perte de repères, elle se plonge dans la culture coréenne, ajoutant Min à son prénom, démontrant ainsi sa double appartenance. Aujourd’hui, réalisatrice, elle part à la recherche de sa famille biologique, dans son pays natal. C’est à l’occasion du mariage traditionnel d’un de ses amis, belgo-coréen, qui a réussi à réunir famille biologique et famille adoptive que Cathy entame son retour aux sources, à la recherche de son identité morcelée, de ses racines. Dans ce beau documentaire, elle nous entraine dans sa quête autobiographique pour remplir le trou noir de ses trois premières années de la vie.
C’est dans une Corée du Sud contemporaine aux paysages ancestraux qu’elle se retrouve confronter à la dure réalité : elle ne comprend pas la langue et n’arrive pas à communiquer. Tant bien que mal, elle retrouvera son père biologique à Séoul, essayant de tisser des liens avec lui afin d’obtenir vainement des informations sur sa mère biologique.
Elle comprend alors le poids du confucianisme sur la société : le groupe au détriment de l’individu. Elle a été abandonnée car son père avait fait un enfant à sa maîtresse. Et personne ne voulait l’élever.
Déçue, elle devra faire le deuil d’une famille fantasmée, aimante, qui la reconnaitrait et qui la reprendrait avec bonheur, comme la fille prodigue.
Cathy Min choisit une caméra franche et sincère, un regard sans artifice sur le monde coréen. Elle nous livre sa pensée, ses espoirs sans tricherie. Elle ne cherche pas à atténuer la violence des retrouvailles avec un père biologique, qui voit en elle seulement l’opportunité de régler des frais de santé. Cette Corée n’est pas l’agate qui fera briller sa vie d’un nouvel éclat.
L’histoire poignante de Cathy Min, c’est toute l’histoire de ces enfants adoptés qui sont à la recherche de leurs origines, qui essaient de donner du sens à l’abandon. Un film à voir.
Marie-Sophie du Montant