Une place publique, un lieu commun, du temps, des passants. Le réalisateur s’y arrête, pendant un an, pour regarder l’infime dans le brouhaha. Il s’intéresse au vent, aux sons de la nuit, à ceux qui, comme lui, s’arrêtent. Rencontres sans parole et souvent en un seul plan. En voix-off, des histoires de rencontres éphémères racontées par des anonymes. Toute une lenteur, une immobilité qui, à force, devient acte, et condense un regard singulièrement politique sur l’espace public aujourd’hui.

Emin, jeune turc de vingt-trois ans, part sur les traces d’un ami, d’un frère, d’un père spirituel, trop tôt disparu : Jacques, Jaco, Jacob. Entre horizons barrés et espoirs fous, de la gare du Nord de Bruxelles, quartier chaud, à la cabane près du pont de la rivière quelque part dans la montagne de Haute-Savoie, la quête d’Emin est celle de tous ceux qui veulent quitter la famille, le ghetto, le quartier, la ville ou le pays quand ça oppresse de partout …

"Cargo-Song" raconte l'aventure d'une femme montée à bord d'un porte-conteneurs alors qu'elle ne connaît rien à la mer ni à la marine marchande. Ses images préconçues vont peu à peu se fissurer. Isolée sur le bateau, ignorée des gradés, elle erre et filme le travail des marins philippins tout autant que l'ossature du navire. Elle sourit aux promenades muettes et solitaires d'un vieil homme, passager lui aussi. Au fil des jours, elle entre dans la spirale routinière, dans l'univers répétitif de la vie en mer. Son voyage en cargo devient métaphore d'un monde dont elle dénonce les agissements.

“Ce film est un portrait de groupe, constitué de Touaregs et de Belges, qui se développe autour de la personne d’Annor, un jeune homme dont la mère est belge et le père touareg. Annor a la nécessité de faire coexister ces deux aspects de lui-même. Cela me permet d’aborder, dans sa propre démarche mais aussi dans le monde extérieur, la rencontre de ces deux sociétés, avec leurs différences et leurs similitudes, leurs oppositions et leurs liens, et l’image qu’elles ont l’une de l’autre. Ce faisant, je suis à la recherche d’un regard plus juste sur la réalité et l’imaginaire de Touaregs, ou Tamacheks comme cela se dit maintenant au Mali et, plus largement, d’un nouveau rapport au monde.”

Comment trouver la parole juste ? Quand je parle, qui parle ? Quand tu parles, à qui parles-tu ? Comment faire monter en soi la pulsion « criminelle » ? Comment pleurer quand on est pris d’un fou rire ? Comment traîner sa mère par les cheveux sans qu’elle en souffre ? Comment ne pas perdre la boule quand on vous pousse systématiquement dans vos derniers retranchements ?… Comment jouer à devenir « autre » tout en restant soi ? PARLE (TAKALLAM en arabe) est un voyage initiatique sous le regard ni tendre, ni dure du maître, du « passeur ».

Une machine agricole voyageuse déclenche les retrouvailles d’un frère et d’une sœur, tous deux issus de la terre, et dont les chemins se sont séparés il y a plus de vingt ans. Partant de cette situation intime et familiale et d’un voyage qui va les mener de la Belgique au Chili, le film questionne le rapport à la terre et le choix qu’on peut faire d’y demeurer ou de la quitter.