ILS sont les membres d’une tribu éclatée. ILS sont partout et l’on a presque autant de chances d’en croiser l’ un ou l’autre aux Açores à la recherche de “L’Age d’or”, qu’en Nouvelle-Guinée filmant un lever de drapeau papou ou encore à Bruxelles battant le pavé verglacé du côté du canal de la Porte de Flandre. ILS sont toujours accompagnés d’un “film à la patte” qui trottine à côté d’eux, tel un chien complice. “Tourner pour ne pas mal tourner” pourrait être leur devise, tant il est vrai qu’un cinéaste “empêché” de filmer est quelqu’un qui a mal à Son et à Ses images. Son énoncé est simple, voire même basique : filmer les cinéastes de ce pays et les réunir sous un titre générique : BIG MEMORY. Les filmer indistinctement de leur âge, de leur style, de leur genre, de leur talent ou de leur notoriété et aussi niquer La Grande Faucheuse en faisant appel à des personnalités du monde cinématographique pour être les “porte-cœur” de cinéastes disparus. Chacun des 175 cinéastes participant à ce projet bénéficie d’un même traitement avec pour résultat final une séquence de 13 minutes filmée dans un lieu personnalisé de son choix et dont les propos sont illustrés par des documents photographiques appropriés. Ici c’est la personnalité du cinéaste et sa passion qui sont mises en lumière.

La mort n'existe pas, les morts nous parlent. Du moins parlent-ils à ceux et à celles qui sont à(...)

Esther est une septuagénaire incassable et inclassable : indépendante mais ayant longtemps vécu sous la coupe de sa mère, jamais mariée mais souvent amoureuse, parfois dépressive mais furieusement ancrée dans la vie, mysanthrope plus attachée à ses animaux (qu’elle fait empailler) qu’au genre humain mais qui raconte sa vie, exprime ses opinions et confie ses regrets et ses espoirs avec une gouaille franco-flamande irrésistible. Durant sept ans, Richard Olivier a filmé cette vieille dame indigne, tour à tour complice et récalcitrante, pour en faire un portait lucide et respectueux, celui d’une véritable héroïne de la condition humaine.

La célèbre procession des pénitents de Furnes (Veurne) a lieu chaque été dans cette ville de Flandre occidentale. Le personnage du Christ est tenu depuis huit ans par M.L fonctionnaire des finances à Nieuport ; son rôle depuis huit ans l’oblige à transbahuter en plein été une croix de bois de 45 kilos durant trois heures. Cette fois-ci à la fin de « son » calvaire, Marc a chancelé et pour de vrai. A la question posée : « Si vous aviez la possibilité de faire des miracles ? » Le Jésus de Furnes répond : « Je guérirais ma femme. Elle souffre de la sclérose en plaques ! »

3 octobre 2003. Quartier de la Porte de Flandre, au centre de Bruxelles. A moins de 24 heures d'intervalle, deux crimes particulièrement horribles sont commis sur des femmes âgées. La première victime, Anna Van Reybrouck (66 ans) est tuée de plusieurs coups de couteau dans son magasin « Au Paradis de l'Oiseau ». Le lendemain, Luce Frey (77 ans) est sauvagement agressée à coups de clé anglaise dans un parking privé à moins d'une centaine de mètres du lieu du premier crime. Ce film document raconte le drame familial vécu par Thierry, l'un des quatre fils de Anna. Avec la disparition violente et soudaine de sa mère, il verra sa vie plus fragilisée encore. Ce film témoigne aussi du climat d'insécurité dans lequel ont vécu les commerçants et les habitants du quartier de la rue de Flandre au cours des quatre mois qu'a duré l'enquête.