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Jorge León, « Vous êtes servis », Belgique, 2010 – 59’
En immersion et à découvert, Jorge León a posé sa caméra quelques mois dans un centre dont on se doute qu’il n’est pas des plus indécents. Comme tout réseau lucratif, ce système d’exploitation possède vitrines et extensions souterraines. Quoi qu’il en soit, Vous êtes servis n’est pas une enquête, pas un reportage. Laissant la situation parler d’elle-même, le réalisateur collecte et organise images et témoignages qui, resserrés en ce lieu fermé que devient le centre de recrutement, reconstituent implicitement le contexte dans lequel ils s’inscrivent. Aux appréhensions des femmes encore en formation font écho les récits de celles qui se trouvent à l’étranger. Voix rendues aux absentes sont lues les lettres envoyées aux familles. Elles constituent le pan sonore de photographies qui ouvrent le hors-champ du documentaire : four à micro-ondes, machine à laver et plat de porcelaine composent les arrière-plans fixes de comptes-rendus plus empreints de tristesse que de révolte, litanies de souffrance où ne s’entend guère que l’effacement de l’individu dans l’épuisement, le mépris, le manque.
Nous sommes en Indonésie, dans la ville de Jogjakarta, plus précisément dans un centre de recrutement pour domestiques, dénomination fort respectable pour ce qui n’est en réalité qu’une fabrique de servitude. L’enseignement qu’on y dispense se veut très spécifique : cuisiner, nettoyer, langer, faire bon usage des appareils électroménagers, comprendre les ordres, obéir. Y afflue une main d’œuvre exclusivement féminine, peu avertie, humble. Des femmes prêtes à l’emploi, formées pour rentrer au service des populations plus aisées de Taïwan, Singapour et du Moyen-Orient. Là-bas, à l’horizon de salaires avantageux, elles se trouvent coupées du monde et de leurs proches, endettées – il faut rembourser les frais administratifs -, méprisées sinon maltraitées et, dans le flou de leur statut d’émigrées, sans recours.
Evènements et Projections
Toute l'info sur les évènements et les projections documentaires au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
L'homme qui cachait la forêt
« L’homme qui cache la Forêt » est un film bien senti et explicite des problèmes de déboisement au Laos. Il traite avec justesse du remplacement de la forêt originale dont dépendent beaucoup de Laotiens par des mono plantations qui rapportent à des entreprises étrangères et laissent les laotiens dans le besoin.
RAS Nucléaire, rien à signaler
A l’aide de nombreux témoignages, l’enquête dénonce l’évolution des conditions de travail dans le secteur du nucléaire, celles-ci étant étroitement liées à la sécurité des centrales. Particulièrement pointé du doigt, le recours à la sous-traitance au sein d’un marché libéralisé de l’énergie. Celui-ci concerne aujourd’hui le ménage dans les bureaux, aussi bien que la direction générale, en passant par les opérations de maintenance les plus délicates.
L'or bleu
Une critique de la gestion libéralisée de l’eau – thèmes à exploiter et éléments d’analyse de la mise en images
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OU EST L'AMOUR DANS LA PALMERAIE un film de Jérôme Le Maire
Une palmeraie, une oasis bien délimitée, en plein désert, plus ou moins 15 kilomètres de long et 20.000 habitants. L’environnement, le lieu sont filmés dans toute leur beauté, sans accentuation stylistique mais comme, pour chaque fois, montrer un décalage entre un paysage somptueux et la misère d’y vivre, la distance entre le rêve et la réalité. L’analogie avec l’oasis peut évoquer toutes sortes de luxuriances mais, surtout, une palmeraie est une sorte d’île entourée de sable, où la tradition, coupée de toute modernité, de toute influence urbaine, subsiste comme la seule raison, la seule organisation.
SOUS LA MAIN DE L'AUTRE un film de Vincent Detours & Dominique Henry
Diffusion sur Arte - Vendredi 24 juin 2011 à 22h55
LE GESTE ORDINAIRE un film de Maxime Coton
L’usine est cette évidence du paysage que le regard veut abstraire, intruse, elle épuise l’espace où elle s’évase, indésirable, nécessité tacite. Sa mise à l’écart entraîne celle de ses hommes, les efface à moitié : les ouvriers, l’usine les avale et c’est presque à la dérobée qu’ils œuvrent, regroupés, renommés masses, bras, voix, sueurs, forces.
CLEJANI - HISTOIRES un film de Marta Bergman et Frédéric Fichefet
Dans cette chronique sombre – les vacillantes lueurs d’espoir sont à chercher dans les recoins et les replis de plans où une dureté implacable domine –, les cinéastes réussissent plutôt bien à éviter les deux principaux pièges qui les guettaient : l’apitoiement et le voyeurisme. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ferment les yeux ; bien au contraire !