Mots clés : Réfugié
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Eurovillage, un village de vacances isolé au milieu de la forêt ardennaise, a été converti en 2011 en centre d’accueil pour demandeurs d’asile. Les résidents qui l’habitent y attendent, pendant une durée indéterminée, la réponse à cette angoissante question: vont-ils oui ou non obtenir un statut de réfugié et avoir l’autorisation de rester sur le territoire belge?
Comment traversent-ils cette étrange période, déconnectés de la vie réelle, suspendus entre ce qu’ils ont quitté et un futur incertain, qui, pour un grand nombre d’entre eux, prendra la forme d’un « ordre de quitter le territoire »?
Ils viennent d’Afghanistan, d’Irak, de Syrie ou d’Erythrée. Accompagnés de leurs parents, ils ont fui la guerre et les persécutions. Propulsés sur les routes, ces enfants de l’exil ont dû faire face, malgré leur jeune âge, à de multiples dangers pour rejoindre l’Europe. D’autres ne sont jamais parvenus au bout de ce périple, engloutis dans les flots de la Méditerranée, le froid des montagnes ou les réseaux d’esclavage. Tous ont un point commun : ils n’aiment plus ni la forêt, ni la montagne, ni la mer…
À bord de l’Aquarius, en tant que photographe, Hara rencontre Max.
Max est chef de l’équipe qui réalise les sauvetages des migrants en mer. Ils font quelques voyages ensemble. Frappée par l’interdiction de circuler infligée au bateau qui perd son drapeau lui permettant d’accoster, condamnée à rester à terre, Hara décide de faire un film. Une lettre à l’enfant qu’elle attend de Max. Dans cette lettre se tissent les souvenirs personnels de Hara, sa rencontre avec Max et certaines histoires entendues sur le bateau. Des migrants racontent leurs voyages, leurs maisons perdues. Y a-t-il un lien commun entre nous? Y a-t-il une histoire commune ?
Le cinéaste Théo Angelopoulos meurt le 24 janvier 2012, renversé par une moto, sur le plateau de tournage de son dernier film. Il était entouré de son équipe dont je faisais partie.
Dans ce film inachevé, il racontait les destins des victimes de la crise grecque. Ironie du sort, les ambulanciers censés le secourir sont tombés en panne, les restrictions budgétaires ne leur permettant plus d’entretenir leurs véhicules. C’est la crise elle-même qui a tué Théo.
Dans une lettre filmée que je lui adresse, je retourne en Grèce. Et la liste des victimes de la crise n’a cessé de s’allonger, cette misère répondant à une autre que Théo avait senti venir : celle de l’arrivée massive de réfugiés qui se retrouvent piégés en Grèce avec la fermeture des frontières.
Pourtant, une résistance citoyenne s’organise chaque jour pour faire sortir de l’ombre ceux qui sont aujourd’hui menacés d’effacement.
Au large des côtes tunisiennes, une médecin légiste examine le corps d’un jeune naufragé. En quête de vérité, elle s’interroge. Qui était-il ? Qu’a-t-il vu ? Et s’il pouvait parler ? À ses questions se mêle le chœur de Mères endeuillées. Elles évoquent des souvenirs et parlent de leurs fils qui apparaissent dans leurs rêves. Elles racontent les derniers moments, la désolation qui pousse à prendre la mer et demandent justice ! Dans la même nuit, issus du même village, ils sont neuf gamins à avoir tenté la traversée meurtrière. Seul un survivant pourrait raconter l’histoire de ce naufrage. Le film tente l’expérience d’être au carrefour d’espaces et de temps potentiels, d’émotions et de conventions qui viennent d’horizons différents mais qui ne cesse de se croiser.
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