Il aura fallu attendre plusieurs décennies après l’accession à l’indépendance des colonies belges d’Afrique centrale pour que des documentaristes et (co-)producteurs de chez nous osent crever l’abcès de certains des pans les plus sombres et dérangeants de la présence belge dans la région.
La trilogie Kongo (3 x 52’ par Samuel Tilman, Daniel Cattier, Isabelle Christiaens et Jean-François Bastin en 2010) est parmi ces trois documentaires à la fois le plus ambitieux (500 ans d’histoire, des explorateurs portugais de la fin du XVIe siècle à Kabila fils, en passant par l’esclavage, le système tout aussi sanglant des plantations, la conquête par Léopold II, la colonisation belge, etc.) et le plus accessible (par le recours à l’animation, les flirts avec la fiction).
Boma-Tervueren, le voyage (Francis Dujardin, 1999) et Bons baisers de la colonie (Nathalie Borgers et Delphine Dupont, 2011) traitent du non-dit et du racisme colonial par deux cas particuliers : le zoo humain congolais de l’exposition universelle de Bruxelles en 1897 et le silence familial et le déni entourant la vie d’une femme métis née, en 1926, d’un administrateur colonial belge au Rwanda et d’une femme rwandaise.
Philippe Delvosalle - PointCulture