Ce qui relie la série 14-18 : L’Histoire belge de Michel Mees et le diptyque Trois journées d’août 1914 de André Dartevelle, est cette même attention à restituer des faits historiques nationaux, certes, mais de mettre en lumière une vérité longtemps, souvent occultée – volontairement ou non – par des historiens lorsque la Première Guerre mondiale est évoquée : le massacre de milliers de civils dès les premiers jours du conflit. Pendant des décennies, c’est l’histoire militaire, l’histoire des soldats qui a dominé.
La violence et l’ampleur de cette première « guerre moderne » – la puissance des armes utilisées sur les champs de bataille, l’ « ingéniosité » des industriels dans la recherche d’armes toujours plus lourdes et plus sophistiquées, les conditions de « survie » des soldats, les millions de morts, blessés ou mutilés, etc. – ont été telles qu’elles ont pratiquement éclipsé celles commises sur des civils – hommes, femmes, vieillards, enfants – de toutes conditions.
Dans tout le pays, plus de 6 000 victimes civiles sont ainsi massacrées en deux mois… Les Allemands du Reich justifièrent ces actes de barbarie en prétendant que les Belges étaient armés jusqu’aux dents !
Des blessés sont achevés, en pleine rue, dans des fossés ou contre des maisons en flamme, des milliers de maisons sont détruites, saccagées ou brûlées, des vitrines de cafés et de magasins sont pulvérisées, les meilleures bêtes d’étable sont égorgées, des sacs de farine sont éventrés, des femmes sont violées, des enfants sont abattus sous les yeux de leurs parents…
Ces massacres souvent prémédités correspondent à une nouvelle forme de guerre, la « guerre totale ». Celle-ci confond civils et militaires dans une même entité qu’il faut tantôt éliminer, tantôt, s’agissant des civils, soumettre, terroriser, exploiter.
La première partie de la série 14-18 : L’Histoire belge s’intéresse à ces victimes civiles dans un contexte plus global, tandis que le diptyque Trois journées d’août 1914 s’intéresse aux faits qui se sont déroulés dans la ville de Dinant et les villages d’Èthe et Latour, à l’approche du centenaire des massacres qui y ont été commis. Des descendants des familles victimes racontent leur désarroi et le poids de ce terrible héritage qui passe de génération en génération.
Marc Roesems - PointCulture