En chômage... ou la recherche d'un emploi
Présentation
Voici trois films qui s’intéressent au statut des chômeurs en Belgique et à leur contrôle par les administrations de l’État. Entre la réalisation du premier et du dernier, plus de quinze ans se sont écoulés. Une quinzaine d’années durant lesquelles beaucoup de choses ont changé…
En 1999 (Chômeur, pas chien !), André Dartevelle suit tantôt les tournées d’un boulanger – qui compte parmi ses clients de nombreux chômeurs qu’il prend le temps d’écouter et de conseiller – tantôt les démarches de chômeurs auprès de l'administration et leurs confrontations avec des fonctionnaires leur demandant de justifier leur composition de famille (quand ils sont accusés de fraude dans la déclaration de leur statut). À travers ces portraits et ces instantanés du quotidien, le film s’interroge sur le respect de la vie privée des chômeurs considérés à priori comme suspects et sur la possibilité pour cette catégorie de la population de se poser en tant qu'acteur social.
En 2007 (Contrats), Manon Gary réalise un film sur le travail (ou plutôt sa recherche d’un emploi) à partir de sa propre expérience, celle qu’elle connaît le mieux. Elle ne travaille pas toujours, pas tout le temps. Parfois, elle culpabilise mais elle besoin de temps pour elle, pour observer, réfléchir, créer. Elle a donc fait le choix d’un métier artistique, dans le cinéma… Tout en sachant qu’atteindre ses objectifs ne serait pas chose simple, elle s’interroge : le travail est-il vraiment un privilège ? Et qu’est-elle prête à endurer pour réaliser son rêve ?
Au final, après quelques petits boulots « merdiques », des rencontres (des personnes qui voient autrement les choses), et une activité militante (pour dénoncer la « chasse aux chômeurs »), sa quête du travail « idéal » laisse apparaître un film sur une classe moyenne qui se délite, et la prolifération des contrats courts, de l’intermittence, de l’emploi par intérim et par projet, qui est train de modifier totalement le rapport au travail.
Dans le film plus récent, Bureau de chômage (2015), les réalisatrices, par un dispositif inédit, se sont intéressées à la fois aux demandeurs d’emploi et à leurs contrôleurs. Le décor est celui d’une administration ; bureaux cloisonnés ; protagonistes assis en vis-à-vis.
Le film interroge le sens du travail aujourd'hui, dans un monde où la précarité de l'emploi est menaçante et où l'insécurité des travailleurs et des chômeurs est grandissante… Mais l’originalité du dispositif montre aussi autre chose… que la frontière (la limite physique de la table d’entretien) entre ceux qui ont la chance d’avoir un emploi (les contrôleurs) et les personnes convoquées (les demandeurs d’emploi) semble bien mince…
Marc Roesems - PointCulture
