Journée Internationale pour les droits des Femmes
Présentation
A l’occasion de la Journée Internationale pour les Droits des Femmes, PointCulture revient sur une série d’œuvres cinématographiques, différentes les unes des autres dans leur forme, mais ayant comme dénominateur commun de questionner la place du genre féminin dans une société d’hommes, ainsi que ce qu’il subit quotidiennement, soit par la coercition, soit par la simple perpétuation d’un ordre établi, et ce à différents degrés de soutenabilité pour un être humain, quel que soit d’ailleurs son sexe.
Petit par sa durée, mais grand par son inventivité, Karaoké Domestique (2013) met en scène pour seule comédienne Inès Rabadan, sa propre réalisatrice, dans un exercice de lipping périlleux : restituer fidèlement les attitudes et expressions faciales de chacune des femmes interviewées pour réaliser son film, leurs voix sortant invariablement de sa seule et unique bouche. Tant original sur la forme que sur le fond, ce documentaire invite à s’attarder sur un sujet d’apparence triviale que sont les tâches ménagères et les femmes qui s’en chargent au jour le jour, aussi bien pour elles-mêmes que pour les autres. Le film, tout en donnant la parole à ces ouvrières de l’ombre dont on ne remarquera le travail que si ce dernier n’est pas fait, pose aussi la question de ce qu’est, au fond, le féminisme : quiconque, qu’il s’agisse d’une femme ou un homme, peut-il s’en réclamer si, avant tout soucieux de s’épanouir dans une carrière professionnelle prometteuse, ce dernier jouit du privilège de se soustraire aux corvées domestiques en les déléguant à celles qui, appartenant aux classes défavorisées, ne pourront probablement jamais en faire autant ? Comme tout idéal, le féminisme ne vient pas sans son lot de dissonance cognitive et autres contradictions internes.
Film de fiction, cette fois, Noces (2013) raconte le passage brutal de l’enfance à la vie d’adulte d’une jeune femme belgo-pakistanaise à qui l’on impose un mariage traditionnel… avec un inconnu. Tiraillée entre son amour pour sa famille et son mode de vie occidental lui insufflant un souffle libertaire irrépressible, Zahira sera le personnage-pivot autour duquel s’articulera toute la complexité d’une opposition entre tradition et modernité, nous permettant de saisir les tenants et aboutissants de cette pratique qu’est le mariage arrangé, aujourd’hui désuète dans l’Europe du XXIème siècle. Pour approfondir, un article signé PointCulture est disponible dans la section « Articles » du film.
Documentaire réalisé par Christophe Reyners, disparu en 2017, Coups de foudre (2014) présente sans concessions les portraits de cinq femmes venant de sphères sociales relativement distinctes, mais ayant pour point commun la même mésaventure : être tombée amoureuse d’un homme violent. Leurs témoignages, étrangement similaires, semble se rejoindre particulièrement sur la question de l’isolement auquel une femme battue paraît systématiquement confrontée. Stratégie propre au modus operandi du pervers narcissique ou simple conséquence découlant inévitablement de toute situation de violences conjugales, cette notion d’esseulement subi par les victimes s’avère décisive pour comprendre comment ces dernières s’enferment presque malgré elles dans une prison psychologique qui les tétanise au point de tendre l’autre joue, encore et encore…
Simon Delwart