Élections
Présentation
Les trois films proposés ici abordent la politique depuis la base, dans ce qu’elle a de plus tangible pour la majorité des gens, là où le politique et le citoyen se rencontrent (ou pas), dans la proximité, le quotidien.
L’approche des élections communales rend la politique visible et palpable pour la plupart d’entre nous, en tous lieux. L’une de ses manifestations parmi les plus démocratiques qui soient pour certains – le moment des discours et des discussions à hauteur d’homme, loin des calculs, de l’habileté et de la « raison » qui sont de mise à des niveaux plus élevés – ou l’une de ses manifestations les plus médiocres pour d'autres, qui ne voient dans ces démonstrations qu’un exercice de séduction bien moins palpitant que celui des élections au niveau fédéral, des prises de positions à petite échelle ou des engagements qui n’auront pour seules conséquences que des modifications ou rénovations de la voie publique…
Dans ce temps qui précède les élections, on se montre, on discute, on interroge, on tente de convaincre… quelquefois, le discours est maladroit ou peu convaincant… Qu’à cela ne tienne, on repart de plus belle et peu importent les difficultés, comme le montre C’est notre pays pour toujours ! (2002). Le travail démocratique et la participation citoyenne sont au cœur du film de Marie-Hélène Massin, qui s’est intéressée aux débats quelquefois discordants de candidats d’origine maghrébines à l’approche des élections communales à Saint-Gilles (agglomération bruxelloise). Un film d’écoute qui montre combien la politique est le fait de chacun ET de chacune.
Quelques années plus tôt, la cinéaste s’était déjà intéressée à l’exercice de la politique au plus proche du citoyen (Le Bourgmestre a dit, 1996). Dans le portrait de Guy Cudell, un vieux briscard qui, au moment où il est filmé, a déjà cinquante ans de politique derrière lui, on assiste à quelques scènes du quotidien de la fonction de bourgmestre dans une commune atypique, Saint-Josse-ten-Noode ; la plus petite, la plus allochtone et la plus pauvre de Belgique. Le discours est quasi absent. Il y a bien çà et là quelques colorations de parti, mais l’homme semble pleinement satisfait et convaincu de sa mission, disposant de quelques droits au passage, à la manière d’un vieux sage, pour qui veut le reconnaître comme tel. La politique à l’ancienne… qui a malheureusement contribué pour une part à son discrédit… (Lire critique Cinergie)
Mais que se passe-t-il lorsqu’un acteur majeur est absent ? Que se passe-t-il lorsque le paysage politique semble « déserté » de ses représentants, comme le fait entendre La Belgique dans tous ses états ? Réalisé à la suite des élections législatives de juin 2007, qui ont mis à mal l’existence même de la Belgique (la forte pression de partis séparatistes avait entraîné près de 200 jours d’attente avant que ne soit nommé un nouveau gouvernement !), le film de Jacques Duez, prof de morale et cinéaste, interroge des enfants du primaire, issus des trois communautés, sur ce qui unit (ou désunit) la Belgique : ses territoires, ses populations, ses identités, etc. La politique y est partout, circule et s’exprime dans la bouche des enfants qui, comme les grands, par tâtonnements, s’essaient à comprendre le monde et à le penser (éventuellement) meilleur.
Marc Roesems - PointCulture