Richard Olivier, réalisateur indépendant
Présentation
Indépendant, bouillonnant et révolté sont peut-être des mots qui approcheraient le mieux Richard Olivier, auteur de nombreux textes littéraires [1], scénariste, photographe et… cinéaste[2].
S'il s'investit pleinement dans ces diverses pratiques artistiques[3], Richard Olivier est avant tout documentariste, un cinéaste en prise directe avec le réel, dont le territoire de prédilection est la Belgique. Un pays qui dissimule son identité en cultivant un folklore où l'autodérision le dispute aux kitscheries les plus niaises, un territoire où, selon ses dires, "il faut une grue pour soulever un œuf !". Mais qu'on ne s'y trompe pas : s'il y a parfois de la drôlerie, du décalé ou du déclassé dans ce qu'il filme – les curiosités, les révoltes, les coups de gueule ou de tendresse que lui inspire ce territoire – la férocité du quotidien n'est jamais bien loin…
Sur la démarche de l'homme, beaucoup est dit dans la devise qu'il a choisie : "Tourner pour ne pas mal tourner".
Dans "Tourner…", il y a du "faire", du geste en train de se faire, de la volonté de fixer sur pellicule des moments de vérité, de faire lien avec ceux qu'il filme et d'être "concerné" par eux. Comme il l'est avec Esther[4] ou comme il l'a été avec Marvin Gaye[5]. Dans le "… pour ne pas mal tourner", il y a ce goût de la formule qui n'est pas sans évoquer une certaine forme de romantisme, pleinement assumée par son auteur… parce que c'est en filmant l'autre, en tournant et se tournant vers l'autre, sans poser de jugement, que Richard Olivier rend compte de son attachante humanité.
Marqué par la disparition brutale de son ami Benoît Lamy, Richard Olivier a voulu filmer tous les cinéastes belges pour les réunir sous un même label et en faire une collection. Big Memory est l’occasion pour tous ces cinéastes connus, méconnus ou encore inconnus d’être mis sur un même pied d’égalité. Ils se racontent face caméra, parlent de leur parcours et de leur passion pour le cinéma. Chacun des 170 portraits-entretiens dure 13 minutes.
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[1] Auteur de pièces jouées au théâtre et à la télévision, de nouvelles littéraires, de scénarios, d'articles parus dans des journaux belges et étrangers, co-auteur, avec le dessinateur Jean-Louis Lejeune, d'une bande dessinée de politique-fiction "Amin Dada 1er empereur de Belgique".
[2] Réalisateur de nombreux courts et moyens métrages, diffusés à la télévision et au cinéma ; réalisateur de plusieurs sujets pour l'émission Strip-Tease, depuis le début de sa création sur la RTBF.
[3] Après plusieurs années de pratiques théâtrale et photographique, après avoir fait du cabaret littéraire et commencé à écrire ses propres textes, le jeune homme entame une carrière au cinéma, en commençant par la fiction, "Y en a marre des bananes" (1971)
[4] "Esther Forever" (2007 – 87'), un portrait touchant d'une héroïne populaire, fruit d'une complicité amicale de plusieurs années.
[5] "Remember Marvin Gaye – Transit to Ostende" (2001 – 56')